Arrêt de travail et métiers de la livraison : mieux protéger chauffeurs et coursiers
Les métiers de la livraison et du transport n’ont jamais été aussi visibles qu’aujourd’hui : colis e-commerce, tournées urbaines, logistique événementielle, livraisons de nuit… Derrière cette activité intense, il y a des hommes et des femmes soumis à des cadences élevées, des contraintes physiques fortes et une pression permanente sur les délais. Tout cela augmente mécaniquement le risque de blessure, de fatigue extrême ou de burn-out, et donc d’arrêt de travail.
Cet article propose un tour d’horizon complet des principales catégories de livreurs (chauffeurs Amazon ou GLS, poids lourds, transporteurs événementiels, coursiers à vélo ou en deux-roues, livreurs de repas, etc.) et explique dans quels cas un arrêt de travail peut s’imposer, comment le gérer sereinement avec son employeur et quelles démarches effectuer auprès de la Sécurité sociale.
1. Pourquoi les chauffeurs livreurs sont-ils particulièrement exposés ?
Les métiers de la livraison cumulent plusieurs facteurs de risques :
- Contraintes horaires importantes : tournées tôt le matin, livraisons tard le soir, travail le week-end, astreintes.
- Pression sur les délais : promesses de livraison en J+1 ou même en quelques heures, clients exigeants, suivi en temps réel.
- Manutention répétée : port de charges plus ou moins lourdes, manipulation de colis encombrants, montées et descentes d’escaliers.
- Conduite prolongée : trajets longs, routes monotones, risques routiers accrus.
- Stress et isolement : relation clientèle parfois tendue, travail seul, pression hiérarchique indirecte via les outils numériques.
Que l’on parle d’un chauffeur Amazon, DHL ou GLS en tournée urbaine, d’un transporteur longue distance en poids lourd, ou d’un livreur indépendant en véhicule léger, tous sont confrontés à ces contraintes, avec des effets concrets sur leur santé physique (dos, articulations, fatigue) et leur équilibre mental.
2. Chauffeurs de colis, poids lourds, transporteurs événementiels : des réalités différentes, un même besoin de protection
2.1 Chauffeurs livreurs de colis pour les grandes plateformes
Les chauffeurs qui livrent pour les grandes plateformes (type Amazon Logistics, sous-traitants GLS, DHL, etc.) gèrent souvent des dizaines voire plus de cent colis par tournée, avec un temps de stationnement très limité à chaque arrêt. Les principaux risques sont :
- Troubles musculo-squelettiques (dos, épaules, genoux) liés au port de charges et aux rotations rapides.
- Stress chronique dû à la pression du planning et aux évaluations de performance.
- Risque routier important en milieu urbain densément circulé.
Dans ce contexte, un arrêt de travail pour lombalgie aiguë, tendinite, épuisement ou accident de la route n’est malheureusement pas rare. Il est important que le salarié n’ait pas peur de consulter et d’être mis en arrêt lorsque l’état de santé l’exige.
2.2 Conducteurs poids lourds et longue distance
Les chauffeurs routiers qui transportent des palettes, des marchandises industrielles ou des denrées alimentaires sur de longues distances cumulent d’autres contraintes :
- Heures de conduite longues, avec des temps de repos réglementés mais parfois difficiles à respecter dans la réalité de terrain.
- Découchés fréquents, éloignement de la famille et fatigue nerveuse.
- Manutention possible lors du chargement ou du déchargement chez certains clients.
Les risques cardiaques, la fatigue chronique, les douleurs articulaires ou les problèmes de sommeil peuvent justifier un arrêt de travail. Un suivi médical régulier est crucial pour détecter les signaux d’alerte avant qu’ils ne se transforment en incapacité prolongée.
2.3 Transporteurs événementiels : la double contrainte transport + manutention
Les transporteurs événementiels interviennent pour des salons professionnels, des expositions, des concerts, des événements d’entreprise ou des tournées itinérantes. Ils doivent gérer à la fois le transport et la manutention d’éléments fragiles ou volumineux : structures de stands, mobilier, écrans, matériel son et lumière, décors, etc.
Les contraintes spécifiques sont :
- Horaires décalés (montage très tôt ou démontage tard le soir, voire la nuit).
- Port de charges lourdes et parfois mal préhensibles.
- Enchaînement de journées intenses quand plusieurs événements se succèdent.
Des sociétés spécialisées, comme 2H Transports, experte en logistique événementielle, connaissent bien ces contraintes et mettent en place des équipes et des outils adaptés. Malgré cela, les risques de blessure ou d’épuisement restent élevés, et là encore l’arrêt de travail peut s’avérer indispensable pour protéger la santé du salarié.
2.4 Coursiers à vélo, en scooter ou livreurs de repas
Les coursiers urbains (documents administratifs, colis urgents) et les livreurs de repas type Uber Eats ou autres plateformes travaillent dans un environnement très exposé :
- Exposition accrue aux accidents de circulation.
- Conditions météo parfois difficiles (pluie, froid, chaleur).
- Rémunération souvent liée au nombre de courses, ce qui incite à « tirer sur la corde ».
Les traumatismes liés aux chutes, les douleurs articulaires et la fatigue intense sont fréquents. Dans ces métiers, il est essentiel de rappeler qu’un arrêt de travail n’est pas un luxe, mais un droit lorsque l’état de santé le justifie.
3. Quand faut-il envisager un arrêt de travail ?
Dans tous ces métiers, on a tendance à « tenir bon » et à repousser le moment de consulter par peur de perdre des missions ou de fragiliser son emploi. Pourtant, certains signaux doivent alerter :
- Douleurs physiques qui s’aggravent (dos, épaules, genoux, poignets) malgré le repos.
- Fatigue intense, impression de ne plus récupérer entre deux journées.
- Troubles du sommeil, irritabilité, perte de motivation.
- Sentiment d’épuisement, difficultés de concentration ou de conduite.
- Accidents répétés ou « presque accidents » sur la route ou en manutention.
Pour les situations d’épuisement professionnel, de surcharge chronique et de stress prolongé, il peut s’agir d’un début de burn-out. Un article dédié explique plus en détail dans quels cas un arrêt est nécessaire et comment l’aborder avec son médecin : burn-out : quand et comment demander un arrêt de travail ?
4. Comment se passe la mise en arrêt de travail pour un chauffeur ou un coursier ?
La procédure est la même que pour les autres salariés, mais avec quelques points de vigilance propres aux métiers de la livraison.
4.1 Consultation médicale et prescription
Tout commence par une consultation chez votre médecin traitant ou un autre médecin (urgentiste, spécialiste, médecin du travail) qui évaluera votre état de santé. S’il estime qu’une interruption de travail est nécessaire, il vous délivrera un avis d’arrêt de travail en précisant la durée et les modalités (repos complet, possibilité de sortie, etc.).
4.2 Informer rapidement son employeur
En tant que chauffeur ou coursier salarié, vous devez prévenir votre employeur dans les délais prévus (en général 48 heures) et lui transmettre le volet qui lui est destiné. C’est un point très sensible lorsque l’on travaille dans une petite structure où chaque chauffeur compte.
Pour aider à formaliser cette démarche, vous pouvez vous inspirer d’un modèle déjà rédigé, comme celui présenté dans l’article : modèle de lettre pour informer son employeur de son arrêt de travail. Adapter ce type de courrier à votre situation permet de rester clair, professionnel et d’éviter les malentendus.
4.3 Envoyer l’arrêt de travail à la CPAM
L’autre volet doit être transmis à votre Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) dans les délais, soit par courrier, soit de manière dématérialisée lorsque c’est possible. Ce dépôt conditionne le versement éventuel des indemnités journalières.
Les étapes pratiques, les délais à respecter et les erreurs à éviter sont détaillés dans cet article de référence : comment envoyer un arrêt de travail à la CPAM. Le suivre pas à pas est particulièrement utile lorsque l’on est déjà fatigué ou stressé et que l’on veut éviter des démarches supplémentaires.
5. Comment concilier arrêt de travail et retour au volant ?
Un arrêt de travail n’est pas uniquement une parenthèse : il doit être pensé comme un moment pour préparer un retour dans de meilleures conditions.
5.1 Travailler avec le médecin sur les conditions de reprise
Lorsque l’arrêt se prolonge ou fait suite à un accident sérieux, il est utile d’échanger avec le médecin sur :
- Les limitations physiques à respecter (temps de conduite, charges maximales, gestes à éviter).
- La possibilité d’une reprise progressive ou d’un temps partiel thérapeutique.
- L’intérêt d’un avis du médecin du travail, notamment pour les salariés.
5.2 Adapter l’organisation du travail
Pour les entreprises de transport et de logistique, l’enjeu est de préserver la santé des chauffeurs sur le long terme. Quelques leviers :
- Réorganiser certaines tournées pour limiter les pics de charge.
- Mettre à disposition du matériel de manutention adapté (chariots, diables, hayons élévateurs).
- Former les équipes aux bons gestes et postures.
- Mieux anticiper certaines missions (notamment en logistique événementielle) pour éviter les marathons de montage/démontage.
Une politique de prévention sérieuse réduit non seulement les arrêts de travail, mais aussi le turnover, les coûts cachés et le risque d’accidents graves.
6. Prévention : quelques bonnes pratiques pour les professionnels de la livraison
Même si tous les risques ne peuvent pas être supprimés, certaines habitudes permettent de limiter la probabilité d’un arrêt de travail ou d’en réduire la durée :
- Respecter autant que possible les temps de repos et éviter les journées systématiquement surchargées.
- Signaler tôt les douleurs persistantes plutôt que d’attendre qu’elles deviennent invalidantes.
- Utiliser les équipements de protection (chaussures adaptées, gants, ceintures lombaires si recommandées).
- Demander une formation ou un accompagnement sur les gestes et postures.
- Échanger avec ses collègues et sa hiérarchie sur les situations particulièrement à risque.
Pour les entreprises, investir dans la prévention (véhicules adaptés, organisation intelligente des tournées, recours à des prestataires spécialisés pour certaines missions complexes) est souvent bien moins coûteux que de gérer les conséquences de multiples arrêts de travail.
Conclusion : protéger la santé des livreurs, un enjeu humain et économique
Les chauffeurs livreurs de colis, les conducteurs poids lourds, les transporteurs événementiels et les coursiers urbains sont au cœur du fonctionnement de notre économie moderne. Mais cette utilité s’accompagne d’une exposition forte aux risques physiques, psychologiques et routiers.
Reconnaître le rôle de l’arrêt de travail comme un outil de protection – et non comme une faiblesse – est essentiel. Consulter dès les premiers signaux, suivre les démarches administratives (information de l’employeur, envoi à la CPAM) et préparer la reprise avec les bons interlocuteurs permet de sécuriser à la fois la santé du professionnel et l’avenir de l’activité.
Protéger la santé des livreurs et transporteurs, c’est aussi garantir la fiabilité de toute la chaîne logistique dont dépendent les particuliers, les entreprises et de nombreux événements. C’est un enjeu humain, mais aussi économique et social.
FAQ – Arrêt de travail et métiers de la livraison
Quels sont les principaux risques pour la santé des chauffeurs livreurs et coursiers ?
Les chauffeurs livreurs et coursiers sont exposés à plusieurs risques : douleurs lombaires et articulaires liées au port de charges, fatigue extrême à cause des horaires étendus, stress dû à la pression des délais, ainsi qu’un risque routier important (accidents, chutes, quasi-collisions). Chez certains, ces contraintes peuvent aussi entraîner anxiété ou début de burn-out. D’où l’importance de consulter tôt et de ne pas banaliser les signaux d’alerte.
Quand faut-il consulter un médecin et envisager un arrêt de travail quand on est chauffeur livreur ?
Il faut consulter rapidement si les douleurs (dos, épaules, genoux) s’aggravent malgré le repos, si la fatigue devient permanente, si vous avez des troubles du sommeil, des difficultés de concentration au volant ou un sentiment d’épuisement. En cas de burn-out ou d’accident, un arrêt de travail peut être nécessaire pour éviter une dégradation durable de votre santé. Le médecin évaluera la durée et les modalités de l’arrêt.
Comment informer son employeur de son arrêt de travail dans le transport et la livraison ?
En règle générale, vous devez prévenir votre employeur dans les 48 heures, par téléphone, mail ou courrier, puis lui transmettre le volet de l’avis d’arrêt de travail qui lui est destiné. Pour rester clair et professionnel, il est conseillé d’utiliser un courrier ou un mail structuré, en mentionnant les dates d’arrêt, la référence de votre poste et le mode d’envoi des documents. Vous pouvez vous appuyer sur un modèle de lettre dédié pour sécuriser cette étape.
Comment envoyer un arrêt de travail à la CPAM quand on est chauffeur ou coursier ?
Le volet destiné à la Sécurité sociale doit être transmis à votre CPAM dans les délais, soit par courrier postal, soit de façon dématérialisée si le médecin a télétransmis l’arrêt. Sans cet envoi, le versement des indemnités journalières peut être retardé ou refusé. Il est important de conserver une preuve de dépôt (accusé de réception, justificatif en ligne) en cas de contestation. En cas de doute, contactez directement votre CPAM pour vérifier la bonne réception du document.
Un arrêt de travail peut-il mettre en danger mon emploi de chauffeur livreur ?
Un arrêt de travail prescrit par un médecin est un droit et ne doit pas être considéré comme une faute. En principe, votre employeur ne peut pas vous sanctionner parce que vous êtes en arrêt, mais il doit réorganiser l’activité pendant votre absence, ce qui peut générer des tensions. Pour limiter les malentendus, il est essentiel de communiquer clairement, de respecter les délais d’envoi des documents et de préparer la reprise (visite de reprise, éventuel aménagement de poste) avec le médecin du travail.
Comment prévenir les arrêts de travail dans les métiers de la livraison et du transport ?
La prévention repose sur plusieurs leviers : respecter les temps de repos, signaler tôt les douleurs persistantes, adopter de bons gestes de manutention, utiliser le matériel adapté (diables, hayons, chariots), porter des équipements de protection et échanger avec sa hiérarchie sur les tournées trop chargées. Pour l’employeur, investir dans la prévention (organisation des tournées, véhicules adaptés, recours à des transporteurs spécialisés pour certaines missions) coûte souvent moins cher que la répétition d’arrêts de travail et de remplacements en urgence.
