Arrêt maladie pendant la période d’essai : que faut-il savoir ?
Tomber malade pendant sa période d’essai peut être une source d’inquiétude, surtout lorsqu’on vient d’intégrer un nouvel emploi. Pourtant, la maladie ne choisit ni le moment ni les circonstances. Il est donc essentiel de connaître ses droits, de comprendre les conséquences possibles d’un arrêt de travail durant cette phase d’évaluation, et d’agir avec discernement.
Est-ce légal d’être en arrêt maladie durant la période d’essai ?
Oui, tout salarié, quelle que soit l’ancienneté de son contrat, a le droit de bénéficier d’un arrêt de travail s’il est médicalement justifié. La période d’essai ne fait pas exception à cette règle. Elle ne suspend pas les droits fondamentaux à la santé ni la protection sociale.
En d’autres termes, si votre état de santé nécessite un arrêt, vous pouvez parfaitement consulter un médecin, obtenir un certificat médical et bénéficier, sous conditions, d’une prise en charge par la sécurité sociale et, éventuellement, votre mutuelle.
Quelles sont les conséquences possibles sur l’emploi ?
En revanche, il est important de savoir que l’employeur conserve le droit de rompre une période d’essai à tout moment, avec ou sans justification particulière. Toutefois, la loi interdit expressément que cette rupture soit motivée uniquement par l’état de santé du salarié. Cela relèverait de la discrimination, passible de sanctions prud’homales.
Dans la réalité, certains employeurs peuvent invoquer une “inadaptation au poste” ou un “manque de disponibilité” pour rompre l’essai. Il est donc essentiel de bien documenter la situation et, si besoin, de se faire accompagner.
L’arrêt prolonge-t-il la période d’essai ?
Oui, en principe, la période d’essai est prolongée d’une durée équivalente à celle de l’absence, dès lors que celle-ci interrompt l’activité professionnelle. Ainsi, un arrêt de 7 jours allongera l’essai de 7 jours calendaires, sauf disposition contraire dans la convention collective ou le contrat de travail.
Cette prolongation ne se fait pas automatiquement. Elle suppose une reprise effective du travail après l’arrêt, et une volonté de l’employeur de maintenir l’essai au lieu de le rompre.
Quelle procédure suivre en cas d’arrêt maladie ?
Dès que le médecin vous délivre un arrêt de travail, vous devez respecter la procédure classique :
- Envoyer les volets 1 et 2 à la CPAM dans les 48 heures, sauf transmission automatique
- Transmettre le volet 3 à votre employeur dans le même délai
- Informer votre employeur par téléphone ou e-mail dès que possible
Un simple oubli ou un retard dans ces démarches peut entraîner une suspension des indemnités journalières, voire un malentendu avec l’employeur.
Aurez-vous droit aux indemnités ?
Si vous remplissez les conditions d’ouverture de droits (en général, 150 heures travaillées sur les 3 derniers mois ou être en poste depuis un mois), vous pouvez bénéficier d’indemnités journalières de la CPAM. Certaines conventions collectives prévoient aussi un maintien partiel du salaire par l’employeur ou via la mutuelle.
En revanche, pour les très courts contrats ou les personnes récemment embauchées, un délai de carence ou un refus temporaire d’indemnisation peut s’appliquer. Il convient alors de vérifier votre situation personnelle auprès de la CPAM ou de votre RH.
Faut-il prévenir son employeur de la nature de l’arrêt ?
Non. Le secret médical est garanti. Vous n’avez aucune obligation de justifier la cause médicale de votre arrêt auprès de l’employeur. Seule la durée est indiquée sur le volet 3. En revanche, si vous sentez qu’un dialogue est possible, une communication honnête peut parfois éviter les malentendus, notamment dans les petites structures.
Des exemples concrets à connaître
Dans plusieurs décisions prud’homales, des ruptures d’essai intervenues immédiatement après un arrêt maladie ont été requalifiées en licenciement abusif, car jugées discriminatoires. Cela montre bien que les droits des salariés en période d’essai sont réels et opposables.
Cependant, si l’entreprise a respecté les formes et ne motive pas officiellement la rupture par la maladie, la contestation peut s’avérer difficile. C’est pourquoi il est souvent utile de demander un accompagnement (syndicat, avocat, inspection du travail) en cas de doute.
Nos conseils pour gérer sereinement cette situation
- Ne retardez pas la consultation médicale si votre état l’exige
- Prévenez votre employeur avec courtoisie et professionnalisme
- Gardez une trace écrite de vos échanges
- Renseignez-vous sur votre convention collective
- Restez attentif à votre santé, qui doit rester prioritaire
Conclusion
Être malade durant sa période d’essai n’est jamais confortable, mais ce n’est pas une faute. Vous avez des droits, une protection sociale, et la possibilité de préserver votre dignité professionnelle tout en respectant vos obligations. N’ayez pas peur de vous faire soigner, car la santé doit toujours passer avant la pression ou la peur de déplaire.